Lavoûte sur Loire - L'eglise
L'intérieur de l'église.
Tous les chapiteaux de la nef sont décorés de feuillages hormis celui du mur sud de la première travée qui exhibe une tête assez grossière.
L'inspection du plan et de la coupe de l'église permet de penser que la travée centrale et le chevet plat ont été construit peu après la nef, lors d'une seconde campagne. En effet si l'édifice avait été construit d'un seul jet, on n'aurait pas disposé, si près, la colonne supportant le dernier doubleau de la nef et celle supportant la coupole.
Il est possible qu'une abside ait prolongé le chœur et qu'on l'ait détruite au XVème à la suite d'un remaniement dont témoignent la fenêtre gothique et surtout la différence d'appareil visible dans le chœur et au chevet.
Le Christ en croix roman, très bien conservé, appartient à un type de figuration très répandu à la fin de l'époque romane et très bien représenté dans le département: Christ d'Arlet, de Auzon, de Beaumont, de Blesle, de Lavaudieu, de Lavoûte-Chilhac.
Tous sont vêtus d'un pagne, périzonium, s'arrêtant aux genoux et formant des plis en U, que retient une ceinture stylisée avec nœud médian.
Leur tête penche légèrement vers l'épaule droite. Leur barbe se termine par des tortillons tandis que leurs cheveux, séparés par une raie médiane, remontent au-dessus des oreilles, trois mèches retombant sur les épaules.
Droits sur leur croix, les jambes parallèles et les pieds cloués séparément, leurs bras sont à l'horizontale et les mains ouvertes.
Avec leur anatomie peu marquée, leurs yeux ouverts, ils ne montrent aucune souffrance mais apparaissent vivant et triomphant, au plus loin du Christ souffrant de l'époque gothique suivante.
Dans la chapelle Sud, on peut voir encore un tableau datant de 1629 intitulé La Vierge et l'Enfant Jésus remettant le rosaire à Saint Dominique et à Saint François. Il a été donné la même année en ex-voto à la paroisse par la famille Polignac.
Le rosaire désigne un grand chapelet composé de quinze dizaines d'Ave Maria précédées chacune d'un Pater.
La dévotion au rosaire était très chère à ces deux grands saints fondateurs des ordres mendiants au XIIIème siècle.
L’œuvre, dont l'auteur est inconnu, doit être rapprochée de la Vierge du Rosaire de l'Eglise St-Laurent du Le Puy, peinte dix ans plus tôt par Guy François, célèbre peintre ponot du XVIIème.
De valeur inférieure à son modèle, l’œuvre lui emprunte la composition pyramidale et symétrique, couronnée par la Vierge, en opposition avec une guirlande d'anges.
A gauche la Vierge remet le rosaire à Saint Dominique, tandis que l'Enfant le remet à Saint François placé sur le côté opposé et reconnaissable à la corde nouée lui serrant la taille.
Entre les deux saints, dans l'alignement du chien, l'artiste a introduit un paysage que domine le château de Lavoûte Polignac, commanditaire du tableau.
A l'exterieur de l'église.
La porte primitive s'ouvrait inhabituellement au nord, reliant directement l'église prieurale aux bâtiments conventuels.
Elle a été murée plus tard pour permettre en 1875 l'adjonction d'une travée occidentale supplémentaire. On en voit encore les piédroits, les chapiteaux, le cintre et un restant de frise.
La façade néo-romane, elle aussi de 1875, reprend les caractéristiques de l'art roman du Velay, à savoir :
--- Polychromie des claveaux des arcs, alternativement blancs et gris.
--- Marqueterie ornementale du tympan, carrés blancs sur pointe et points rouges.
--- Le linteau en bâtière, en dos-d'âne.
Et, au niveau supérieur, le triplet, soit le groupement de trois baies plein cintre, les deux baies latérales étant différentes de la baie centrale et semblables entre elles.
A l'extérieur le clocher en forme de tour s'élève massivement au-dessus de la coupole.
Ses quatre faces sont percées d'une grande baie plein cintre sans ornement.
La flèche est couverte de tuiles, à la différence de toutes les autres toitures qui sont recouvertes de lauzes.